Les policiers se trompent d'étage à Ixelles: une mère et son fils traumatisés racontent


Une habitante d’Ixelles et son fils ont connu la peur de leur vie mardi dernier. A 5h50 du matin, un escadron spécial des forces de l’ordre fait irruption dans son appartement. Cagoulés et lourdement armés, les agents pointent leurs armes sur la mère et son fils avant de se rendre compte qu’ils se sont trompés d’étage. "Terrorisés par cet événement, mon fils et moi n'arrivons pas à oublier ce moment. Nous avons vécu un film d'horreur" nous écrivait une habitante d'Ixelles via la page Alertez-nous il y a quelques jours. Cet événement auquel elle pense tout le temps et qui perturbe son sommeil est survenu le mardi 19 novembre. Ce jour-là sur le coup de 5h50, un bruit assourdissant la fait sursauter dans son lit.
Quelqu’un essaye de défoncer sa porte d’entrée. Son fils de 13 ans se glisse dans sa chambre et lui chuchote qu’il s’agit sans doute de voleurs. Elle prend son courage à deux mains et se dirige vers l’entrée où elle regarde à travers l’œil de bœuf de la porte. Là, à son grand étonnement, elle distingue des hommes armés et cagoulés. Soudain, on lui crie "Police, ouvrez". "Ils sont revenus déçus de la chambre de mon fils: le suspect qu'il recherchait était plus âgé" La femme s’exécute. Elle constate que sa serrure n’existe plus mais que le verrou a tenu le choc lors d'une probable première tentative de pénétration. Les mains tremblantes, elle dévisse le verrou. Une dizaine de policiers cagoulés, équipés de gilets pare-balles s'engouffre dans son appartement. Encore aujourd'hui, elle a "cette image horrible qui défile dans ma tête, de cet homme cagoulé qui tend une arme dans ma direction." Instinctivement, elle pense à son fils. "Ne faites surtout pas de mal à mon fils. Il est dans sa chambre." Rapidement, les policiers se dirigent vers la chambre de son fils. "Ils en sont revenus déçus. Le suspect qu’il recherchait était quelqu’un de plus âgé", nous raconte Halima. Les policiers n'étaient pas au bon étage, ils avaient été mal renseignés. "Nous tremblions, j’ai pris mon fils dans mes bras", poursuit-elle. Les policiers montent d'un étage: "La perquisition a duré plus d'une heure" Sans attendre, l'unité emprunte l’escalier pour se rendre au premier étage. Entre-temps, un serrurier répare déjà la serrure. A l’étage, le suspect est absent mais les policiers procèdent à une perquisition sous les yeux de l'occupante des lieux, une dame âgée d'une septantaine d'années. "Leur perquisition a duré plus d’une heure." Les policiers plient ensuite bagage. Avant de repartir, le chef de l’opération ôte sa cagoule et son casque. Il s’entretient quelques minutes avec la victime, tremblante: "Il m’a dit : c’est une erreur, et m’a demandé si tout allait bien et si j’avais besoin d’une ambulance" relate-t-elle. Une opération de grande envergure contre une bande urbaine: 42 perquisitions menées par 265 policiers L'immeuble de notre interlocutrice n'était pas le seul à avoir été investi par des unités de la police d'Ixelles. En effet, pas moins de 42 perquisitions ont été menées, lundi et mardi, par 265 policiers au cours d'une opération de grande envergure contre une bande urbaine, la RDA (Révolution des Arabes) particulièrement active à Ixelles et spécialisée dans le recel et la vente de marchandises volées dans des magasins et véhicules. Les policiers sont rentrés chez eux, l'opération s'est achevée, un communiqué a été publié par le parquet de Bruxelles sur les résultats de l'opération: sept suspects sous mandat d'arrêt et la saisis de 30 ordinateurs, 15 télévisions, 50 smartphones, 8.900 euros, 500 boîtes d'antidépresseurs, 12 GPS, 10 paires de lunettes solaires, des vêtements et chaussures de marque, des bijoux, des flacons de parfum, des lots de produits pour salons de coiffure, deux pistolets à impulsion électrique, une arme factice, une matraque télescopique, une grande bonbonne de gaz paralysant et un gyrophare. L'habitante d'Ixelles victime d'une erreur ne figurait bien entendu pas dans le bilan. Mais pendant deux jours celle-ci, traumatisée par son expérience, ne trouve plus la force d’aller travailler. "Cela a duré 50 secondes, mais j’ai l’impression que cela a duré une éternité. Quand je croise par hasard un homme en uniforme dans la rue, j’en ai la chair de poule. Certes ma serrure est réparée mais mon moral ne l’est pas", pense-t-elle. Elle veut des explications. Elle a besoin "qu’on m’oriente, qu’on m’explique". Le hasard fait bien les choses: elle croise son amie qui travaille au service d'aide aux victimes de la police d'Ixelles La dame se présente donc au commissariat et raconte à la réception ce qui lui est arrivé. Par hasard, elle croise alors une de ses connaissances et lui raconte sa mésaventure. Le hasard fait bien les choses. Son amie, psychologue, travaille justement au service de l’aide des victimes de la police d'Ixelles. Elle prend le temps de les écouter, elle et son fils. "Elle m'a été d'une grande aide, c'est quelqu'un qui écoute, elle laisse la personne s'exprimer, ça a été un grand soutien. Dans mon malheur, j'ai eu ce bonheur de la croiser ce matin-là", raconte-t-elle. La policière ne se limite pas à cette écoute. Elle contacte le responsable de la perquisition dans l'immeuble. Et samedi, celui-ci revient dans la maison où il avait violemment fait irruption quelques jours plus tôt. Cette fois, il est habillé en civil, sans cagoule, accompagné de l'amie du service de l’aide aux victimes. Pendant trois heures, ils parlent avec la mère et son fils. "Ils ont pris le temps d'écouter mon fils et de lui expliquer", rapporte la dame. Quelques jours plus tard, c'est le chef de l'opération toute entière qui prend la peine de la contacter. La conversation dure une heure. "Il a tout repris avec moi de A à Z. Il m'a tout réexpliqué, les raisons de l'erreur, etc.", confie la dame. Aujourd'hui, elle et son fils ont retrouvé de la sérénité grâce à ces rencontres, ces explications, ces partages. Police: "On explique ce qui s'est passé, les raisons de l'erreur et souvent les gens comprennent" La psychologue du service d'aide aux victimes intervenue dans ce dossier n'a pas souhaité s'exprimer et nous a renvoyés vers le porte-parole de la police Bruxelles Capitale Ixelles. Christian De Coninck nous a assuré que ce type de démarche envers une victime de ce genre d'erreur policière était une chose normale. "Si cela m'arrivait, je ne serais pas content non plus", nous a-t-il dit. Plus de 40 perquisitions ont été réalisées lors de l'opération de grande envergure menée par la police d'Ixelles et notre témoin a donc subi les conséquences d'une erreur au cours d'une de celles-ci. "Cela ne pouvait pas arriver mais c'est arrivé, c'est une erreur et nous l'assumons", a déclaré le porte-parole de la police. "On assume, on adresse nos excuses, on explique ce qui s'est passé, les raisons de l'erreur et souvent les gens comprennent" a encore exposé l'homme. Une démarche tout à l'honneur de la police et bien nécessaire après avoir entendu combien cette mère et son fils avaient été traumatisés par ce réveil brutal qu'ils n'oublieront jamais. "Aujourd'hui, mon fils et moi avons trouvé la sérénité mais n'arrivons pas à chasser toutes les images horribles que nous avons vécues, nous en discutons au quotidien et en faisons encore des cauchemars", a tenu à préciser notre témoin.

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